GEAN, POLOGNE

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Premier voyage pour notre toute nouvelle équipe : destination la Pologne et ses voies de mixte ! Cette destination paraît assez originale car elle est très peu convoitée mais il s'agit de grimper en mixte dans un endroit peu commun. Pour Christophe Moulin et l'ensemble de l'équipe ce séjour revêt une vocation pédagogique puisque nous devons prendre de l'assurance et apprendre à nous connaître. Objectif réussi !

Comme nous décollons de Milan, Matthias, Lara et moi ne pouvons pas faire la route d'une seule traite. Stéphane Benoist nous propose gentiment de dormir chez lui à Nice, nous acceptons avec plaisir. On passe ainsi une bonne soirée avec du bon vin avant de prendre la route

Premier jour :

Départ de Milan où tout le groupe se retrouve. On profite de l'attente pour préparer les sacs et faire un point sur tout le matériel. Christophe nous distribue le matériel donné par les partenaires, nous sommes bien gâtés ! 

Les coachs!

Quinze kilos en soute et dix kilos en cabine, pas beaucoup pour une expédition hivernale. Après un encas offert par le chef Moulin, nous embarquons direction Cracovie, ville de Jean Paul II. On atterrit vers 18h, les Polonais nous attendent avec un bus pour nous conduire au parking menant au refuge de Morskie oko. Ces Polonais font partie, comme nous, d'une équipe de jeunes bien motivés. Après deux heures de bus, nous arrivons au parking et chargeons les affaires en 4x4 direction le refuge. Quant à nous, on se met en route, à pied, en attendant que les Polonais reviennent nous chercher. Il est 21h30 quand on atteint le refuge. On grignote en vitesse pendant que les Polonais nous offrent à tous le topo des lieux ! Super cadeau, on se couche tous contents.

Le refuge de Morskie Oko, notre camp de base pendant 10 jours.

Deuxième jour :

La vue depuis le refuge au levé du lit.

Il fait très froid : ça promet ! Aujourd'hui on décide de tester le mixte dans un secteur assez classique pour commencer en douceur et se familiariser avec le milieu. Je grimpe avec Sylvain, bon vivant, nous avons bien rigolé... et bien grimpé ! On part dans une voie de 6 longueurs, avec des cotations allant jusqu'au M6+.

Le tracé de notre ascension

 Nous découvrons vite que les protections ne sautent pas aux yeux : en effet, le rocher n'est pas fissuré ce qui limite la pose de friends et de coinceurs. La technique polonaise semble bonne, elle consiste à utiliser des vieilles broches épines en les plantant dans des mottes de terre gelées. Dépaysant ! Mais nous avons évité de tester leur solidité...

Sylvain posé dans des fissures pas évidentes en piolet/crampons

Une dernière longueur avant de rentrer au refuge

La voie est belle, raide, variée et pas si facile. Le soir, la petite équipe se retrouve pour raconter sa journée. Verdict de cette première journée en terre polonaise : on va se régaler !

Beau temps en pologne

Troisième jour :

Depuis la fenêtre du refuge nous apercevons une grande arête qui mène au sommet (Szczht). Il fait très beau ce matin, Christophe a bien envie d'aller voir d'un peu plus près cette voie. Les Polonais nous disent que le record est de 12h pour rejoindre le sommet. Le lendemain, le mauvais temps est annoncé, on décide alors d'y aller dès aujourd'hui. Je fais équipe avec Nils et le grand Patrick Pessi. Il est 8h quand on attaque la voie. La voie se partage en plusieurs sections. La première section de 150 mètres environ en mixte, offre deux options de niveau équivalent : notre cordée part à gauche, et Christophe, Sylvain, et Robin partent à droite.

 La seconde section est la plus longue, elle présente une arête de neige avec des passages de mixte.

Pat remonte une pente de neige avec le lac en contrebas, au bout du lac le refuge de Morskie Oko

Ensuite, la troisième section redevient moins neigeuse : c'est encore du mixte. Nils commence la voie dans la première section raide, j'enchaîne sur l'arête et Patrick prend le relais pour la fin : nous sommes fatigués car il a des trop grandes jambes et marche trop vite pour nous ! Il fait vite nuit, nous retrouvons la deuxième cordée pour la descente, piégeuse car raide et pourvue de beaucoup de neige.

Pat rejoint l'arête sommitale

Le soleil se couche sur les Tatras

 Nous arrivons au refuge à 21h, contents de cette journée physique mais magnifique. Nous avons bien fait de tenter le coup ! 

Le soir, on se repose et les Polonais nous servent un bon repas : idéal pour reprendre des forces. Les autres sont partis à l'opposé de la vallée en compagnie de Titi Gentet et Stéphane. Ils reviennent avec deux belles voies en poche, un bras et une cheville en moins. Stéphane s'est fait prendre dans une coulée : belle frayeur mais rien de trop grave (entorse de la cheville). Pour Tiphaine, c'est le bras dans le plâtre : elle se blesse dans une chute en grimpant en tête. L'alien était bien placé, il a bien retenu la chute, c'est le principal ! Déjà 15% de perte, le cota de Christophe est atteint : plus droit à l'erreur !

Au fond le lieu de grimpe des compatriotes.

Quatrième jour :

La fatigue se fait sentir et comme la météo l'avait annoncé : il pleut, il y a beaucoup de vent. On prend le temps de déjeuner car ici c'est sacré ! On déguste un vrai repas aux allures de festin : saucisses, omelette, pain-confiture, café, thé... Mais au GEAN pas de temps mort : à 45 minutes de marche du refuge, se trouve un bout de caillou avec des voies d'une longueur qui varient entre M5 et M8. On rentre les bras cassés (sans mauvais jeu de mots, pardon Tiphaine !). Merci aux Polonais pour les précieuses informations qu'ils nous ont données.

Matthias entre libre et artif dans une longueur pas facile.

Merci Petzl, Merci Uvex pour le matos!

Sylvain dans une belle fissure physique

Cinquième jour :

Il pleut toujours, nous décidons alors de rester au refuge pour travailler les autres aspects de la grimpe : concentration, esprit d'équipe, entraînement. Journée bien remplie ! On profite des conseils des coachs et du refuge puisque les Polonais nous avaient réservé un étage du refuge pour nous tous seuls ! Grand luxe pour le groupe !

Petit goupe bien lié!

La chambre des filles! :)

Elle veulent du sexationnel! ;)

Sixième jour :

Nous repartons sur le terrain : cette fois c'est le terrible Christophe Moulin qui se greffe sur ma cordée (Ingrid et moi). On retourne au même endroit que le quatrième jour pour grimper au-dessus. On fait une voie de quatre longueurs en mixte : les touffes d'herbe sur lesquelles nous plantons les piolets souffrent du dégel à cause de la pluie. Aujourd'hui les protections sont plus faciles à poser, on commence alors à prendre confiance. 150 mètres sans violence. L'ambiance est bonne, Moulinos danse même le gangnam style !

Et ça patauge dans la bouillasse.... sur le lac gelé.

Titi et Robin dans une voie à droite de nous

Première longueur en mixte plutôt rocheux

Seconde longueur pour Ingrid qui se débrouillera comme une reine!

Ingrid dans les touffes!

Septième jour :

Il pleut tellement qu'on se croirait en Sierra de Guarra à faire du canyon version hivernale ! Je grimpe avec Lara et Titi Gentet dans un secteur d'été semi-équipé de pitons. Nous choisissons une voie démarrant dans un joli dièdre, un peu au hasard. On grimpe environ 200 mètres jusqu'au moment où Titi ne nous supporte plus : on veut continuer mais il est trempé jusqu'au slip ! Très bonne journée, formatrice et humide. On a bien rigolé grâce à la bonne humeur de Titi. Le soir, le repas est bien arrosé : on goûte la vodka du coin en compagnie de nos amis polonais.
 

Huitième jour :

La pluie, toujours la pluie, vive la pluie... Journée repos.

La salle à manger du refuge

La bonne saucisse polonaise!

Neuvième jour :

On retourne au secteur du premier jour. Pendant la découverte du site, à gauche de là où nous avions grimpé, on avait repéré un plaquage de glace épais, suspendu dans le vide. Ce sera notre terrain de jeu du jour. Christophe et Matthias sont chauds-bouillants : on part tous les trois dans une voie appelée « Roulette russe ». Je vous épargne la traduction polonaise ! C'est une voie de 150 mètres soutenus, avec trois longueurs, et semi-équipée. Pas de pression, on a le temps et pas de pluie pour aujourd'hui, seulement de la neige. Je commence dans la première longueur, sur une rampe en M4/M5, pas facile à protéger pour les seconds. Matthias grimpe une longueur en M7+ et je termine par la portion finale de mixte/glace. Tout bon aujourd'hui.

Dixième jour :

Il fait grand beau, super pour ce dernier jour. Au-dessus du lac, une pointe caractéristique se dégage du paysage, on a envie d'y aller depuis le premier jour. En été, elle se grimpe avec les chaussons par des voies en rocher soutenues ; l'hiver elle se grimpe par la voie normale. La veille, Titi et plusieurs camarades y sont montés. Aujourd'hui c'est notre tour ! Je suis encordé avec Christophe, Matthias, Lara et Robin nous suivent. Pour arriver au pied du sommet, nous grimpons une goulotte en glace fine. On place les premières broches du séjour (enfin!), on passe par une voie d'été assez facile pour atteindre le sommet. Le temps repasse au gris, le vent se lève : il est temps de rentrer au refuge. Nous plions toutes les affaires une fois au refuge et nous partons en 4x4 puis bus pour Cracovie
 

La soirée est festive, on profite de la ville et de ses plaisirs : restaurant, hôtel et même boîte de nuit pour les courageux ! Merci à Christophe pour nous avoir invités !

Onzième jour :

Il est tôt quand nous nous réveillons : nous dormons à peine quatre heures. On s'achemine vers l'aéroport direction Milan puis on retourne à Nice.

La dream team vers 3h du mat alcoolisé à souhait!

Le pain typique, sec et pas bon!

On discute argent dans la gare!

Sacré Jean Paul II!

Conclusion :

Séjour très agréable pour l'ambiance, pour la grimpe, et pour l'équipe. Malgré le temps maussade et capricieux, nous avons pu grimper. Les coachs sont méga gentils et calmes, avec des stages aussi instructifs nous allons c'est sur bien progresser !
J'ai oublié aussi de dire qu'on a ramené des litres de Vodka bien bonne...allez y ça vaut le coup!

Merci encore à tout le monde et en particulier à Moulinos, la FFCAM et les partenaires!!

A Muerte!